flog

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"flog#1" se concentre sur le défilement pressé des news qui déferlent dans nos téléviseurs ou nos écrans connectés aux flux rss du net, espaces de lecture auxquels on se lie, on s'abonne, auxquels on se soumet aussi. Il y est question de CSS de design et de police, de Teilhard de Chardin et d'Eric Steven Raymond, de sans papiers et de bâtiments industriels pour parquer le spectateur de cinéma, de Lacan, de jet-set et du libre, des ECM (espaces culture multimédia), des amateurs et de la fast culture food, de Deleuze et Guattari, du pape du blog, de quelques Nicolas, des images et des textes, d'arrêt sur image, de la BNF et du net, de bison futé à busard fliqué, d'Edwige à Ariane, de Carla à Judex, de Là-bas si j'y suis et d'Edward Bernays et puis bien sûr de l'or du temps...

"flog" donc, comme signe et témoin d'une fuite éperdue ? Contre le dogme d'un présent abusif entré - tel un volcan - en hyperactivité ? Que se passerait-il si l'on (re)prenait la main sur l'écriture de ces news ? Si on les retournait contre ce qui les anime ? Si par cet exercice d'une écriture libératrice et par le rituel de sa lecture publique - aux limites - on s'affranchissait de ce qui nous asservit ?

Ce travail a commencé en janvier 2008, quatre mois avant qu'Annie Abrahams ne m'invite à écrire en ligne dans ses "Instants Portraits". Ces deux pratiques se sont fécondées. Dans "flog" j'ai travaillé une écriture sans cesse reprise par le milieu - pas à la fin comme on le fait habituellement avec le texte, mais par le milieu pour le faire enfler de l'intérieur - sans ponctuation, majuscule ni capitale, et c'est dans mes "Instants" qu'une certaine relation au présent, à l'actuel a trouvé ses formes narratives ainsi que son titre. A cette écriture limite il fallait une lecture performative.

S'il faut chercher des influences - en Italien, "influenza", c'est la grippe, autant dire, une affaire virale - alors je dois dire combien je vibre aux écritures inquiètes de Jenny Holtzer, comment travaille l'utopie d'une lecture publique du collectif téléférique, combien me troublent les spleens - de Baudelaire à Ferré - combien je suis tenté de boxer au phrasé d'MC Solar, comment je me délecte des textes-génériques de Young Hae Chang Industries, combien je cède/résiste à la poésie epidémique de Joël Hubaut, et combien sourd en moi celle, infra-visible d'Antoine Moreau. Dire aussi le tempo root et la manière désinvolte de Bob Dylan dans son poème dit-chanté-montré Subterranean Homesick Blues (par Donn Alan Pennebaker) et plus près de nous, me revient souvent à l'esprit la belle performance RAMES de Nick Montfort jouée par Annick Bergeron à e-poetry 2007.

Enfin, il faut encore le trépidant "On the road" de Jack Kerouac et son écriture en rouleau appelant la route, le flux - et puis la glisse sous toutes ses formes et pratiques - aussi l'incantatoire "Société du spectacle" de Guy Debord [ vdo / txt ] qui travaille en sourdine, au fond, texte et voix. Aussi bien sûr "La prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France" de Blaise Cendrars, bringuebalant sa carcasse d'aventurier abymée en poésie dans son siècle moderne. Enfin, pour ce qui me concerne, atavisme, ou transmission culturelle ? La conviction acquise qu'on ne change pas ses origines, qu'on ne quitte pas les révoltes qui leur sont liées. C'est avec du cambouis sur les mains que j'écris.

Luc Dall'Armellina - janvier 2008 - novembre 2008 - lucdall[at]free.fr
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CREDITS :::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
Texte, mise en programme, lecture : Luc Dall'Armellina
Musique : Luc Dall'Armellina, avec le recours aux synthétiseurs de GarageBand et grâce aux auteurs anonymes des riffs et boucles de sa bibliothèque audio.
Vidéo : réalisée avec l'aide précieuse de Didier Fayolle (ERBA Valence)

Merci à Jacques Norigeon (directeur de l'ERBA Valence)